Lancement du projet HYBA

Face à aux évènements économiques mondiaux, la filière pêche ne peut se contenter d’espérer un apaisement du marché du pétrole. Elle est donc lancée dans une course contre la montre pour limiter dans l’avenir la dépendance du secteur vis-à-vis des énergies fossiles. La transition énergétique est devenue une nécessité absolue. La marine marchande est déjà bien engagée dans cette voie, mais la pêche ne bénéficie pas de son potentiel industriel et financier.

Enjeux de la décarbonation appliquée à la pêche

Face au défi technologique, la filière ne saurait avancer de manière isolée. D’autant qu’elle risque à moyen terme de se voir fixer de objectifs en matière de décarbonation, et la fiscalité avantageuse dont elle bénéficie pour les raisons évoquées pourrait être progressivement limitée voire supprimée dans le cadre des négociations de l’OMC.

La transition énergétique nécessite beaucoup de temps. Dans l’intervalle, des solutions techniques intermédiaires doivent être encouragées : modernisation de la flotte, développement d’alternatives au gazole, investissement massif dans l’innovation et valorisation des productions pour compenser le prix du carburant… La transition vers une motorisation non carbonée nécessite le développement et l’expérimentation de solutions techniques innovantes pour la plupart en devenir.

Toutefois, les chefs mécaniciens des navires de pêche ont une certitude : il faudra plus de place à bord des navires pour accueillir les nouvelles générations de moteurs. Cela passera par un renouvellement intégral de la flotte et la suppression de la limitation de jauge par la Politique Commune des Pêches. Là encore, le renouvellement de l’intégralité de la flotte n’est pas envisageable sur un court terme.

La voie de l’hybridation

Le projet HYBA vise à diminuer la consommation de carburant des navires en exploitant une solution technologique qui existe déjà dans le domaine automobile. Il vise ainsi à développer une motorisation hybride adaptable à des navires de pêche neufs, mais aussi à des navires déjà en activité. Il demande peu de place supplémentaire à bord et limite donc les problèmes d’augmentation de jauge (limitée par la réglementation européenne).

Le projet HYBA porte également sur l’optimisation du train de pêche. Il est à souligner que le projet est conçu pour être facilement transférable grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le projet est conçu en 2 phases :

  • Phase 1 : l’étude de faisabilité porte sur l’instrumentation et l’analyse énergétique, l’optimisation du chalut et une étude des conséquences en termes de stabilité et d’architecture suite à la nouvelle motorisation. A l’issue de cette phase, plusieurs solutions seront proposées. Celles-ci seront chiffrées et les gains énergétiques évalués. Par ailleurs, les données de consommation énergétique du navire seront stockées et valorisées dans la perspective d’une information de la filière ou pour d’autres projets de décarbonation. 
  • Phase 2 : le développement et l’intégration des solutions sur un navire démonstrateur, sous réserve que les gains énergétiques, soient réels et les travaux d’adaptation économiquement viables.

Un projet partenarial et labellisé

Porté par le CRPMEM Bretagne, le projet HYBA fait l’objet d’un consortium associant Vectura System (spécialiste de l’hybridation dans l’industrie automobile) et des acteurs majeurs de la pêche et du maritime : Armement APAK-SCAPAK, PIRIOU (chantier naval), MARINELEC (équipementier électronique), LE DREZEN (Engins de pêche), COPREXMA (architecture navale), MASSON (réducteur), IMT Atlantique (expertise scientifique dans le traitement des données), Ecole NAVALE (Intelligence artificielle, propulsion).

Le projet HYBA a été labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique et vient de faire l’objet d’un financement par France Filière Pêche ce qui permet aujourd’hui au projet de démarrer.