L’algoculture marine en Bretagne

Activité visant à augmenter les capacités de production offertes par le milieu naturel pour répondre à la demande du marché, l’algoculture bretonne doit encore relever de nombreux défis. Le CRPMEM de Bretagne travaille avec tous les acteurs de la filière afin de développer son plein potentiel.

Techniques et espèces de l’algoculture bretonne

L’algoculture bretonne ne concerne que quelques-unes des centaines d’espèces d’algues présentes sur nos côtes. Elle s’effectue aussi bien dans des concessions en mer que dans des bassins à terre.

Les principales espèces d’algues cultivées en Bretagne

Concernant les macro-algues à destination de l’alimentation humaine, les espèces les plus cultivées en Bretagne sont :

  • Le wakamé (Undaria pinatifida), espèce exotique, sa culture est désormais limitée aux acteurs historiques,
  • L’alaria (Alaria esculenta),
  • Le kombu royal (Saccharina latissima),
  • Les ulves ou laitues de mer (Ulva spp., photo ci-contre).

Certaines algues marines sont cultivées en bassin à destination de la cosmétique :

  • Asparagopsis armata, qui pousse sur de plus grandes algues,
  • Jania rubens, riche en carbonate de calcium,
  • Codium spp. (photo ci-contre)

Les techniques d’algoculture

Les cycles de vie des algues marines sont complexes et passent par plusieurs stades de développement, microscopiques et macroscopiques, libres ou fixés, chacun ayant ses exigences particulières.

La difficulté de l’algoculture repose donc autant sur la reproduction des algues que sur la maîtrise des techniques de culture de leur stade macroscopique.

Le cycle de vie du wakamé est présenté ici :

Les laminaires

La culture des laminaires (wakamé, kombu, alaria) passe par une phase en écloserie, où sont produites des plantules à partir de géniteurs souvent prélevés dans le milieu sauvage. Celles-ci sont ensuite fixées sur des cordes (appelées filières), ancrées en pleine mer pour leur phase de grossissement. Plusieurs écloseries disposent d’un savoir-faire pointu en Bretagne et proposent leur service aux algoculteurs.

Les ulves

La culture des ulves s’effectue en bassin à terre. Leur multiplication se fait par simple fragmentation des lames. Grâce à la très grande capacité de croissance de ces algues vertes, chaque fragment produit en peu de temps une algue de la taille de celle de départ. La maîtrise des conditions de culture permettent par ailleurs d’augmenter la productivité et de bénéficier de rendements conséquents.

Cultures expérimentales

De nombreuses algues font encore l’objet de programmes de recherche afin maîtriser leur production. C’est notamment le cas de la dulse (Palmaria palmata) et du nori (Porphyra spp). Ces algues rouges ont en effet un fort potentiel commercial et sont les cœurs de cible du programme POLISTR.

L’aquaculture multitrophique intégrée

L’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI) repose sur l’association de plusieurs espèces naturellement en interaction : algues, coquillages, poissons, crustacés, etc. Le but est que chacune bénéficie des autres, les déchets des uns devenant les nutriments des autres. L’AMTI a deux avantages principaux :

  • développer une approche très durable de l’aquaculture ;
  • accroître la viabilité économique d’une culture marine en diversifiant sa production.

L’AMTI est cependant toujours au stade expérimental en France. L’importance et les bénéfices tirés des échanges entre espèces d’une AMTI en pleine mer font encore l’objet d’étude.

Les enjeux de l’algoculture bretonne

L’algoculture bretonne existe depuis plus de 30 ans mais peine à se développer. Elle ne représente ainsi que quelques centaines de tonnes d’algues par an, contre plusieurs dizaines de milliers pour la récolte d’algue sauvages.

La problématique de l’espace

Que ce soit en mer ou à terre, l’algoculture nécessite un espace important, particulièrement difficile à trouver. D’une part, en raison des tempêtes qui frappent les côtes bretonnes, seules les zones abritées sont adaptées, des espaces qui sont déjà largement utilisés pour d’autres activités aquacoles.

D’autre part, l’utilisation du domaine public maritime est en effet régi par un système de concessions (concession en mer ou concession de prise d’eau de mer pour alimenter des bassins à terre). L’obtention d’une nouvelle concession exige un long parcours administratif (dossiers techniques, consultations publiques).

Les défis techniques de l’algoculture

La maîtrise des cycles de vie : reproduction de plantules d’algues et accès aux géniteurs

Pour les espèces dont le cycle de vie est maîtrisé, la question de la production de plantules est un enjeu clé. Cette activité nécessite des savoir-faire et des installations spécifiques dont disposent les écloseries.

Les plantules sont principalement issues de géniteurs récoltés dans le milieu naturel. Cela nécessite de disposer d’une autorisation de récolte délivrée par le CRPMEM Bretagne et doit se faire dans le respect des périodes autorisées. Certaines écloseries souhaiteraient mettre à disposition une souchothèque permettant de s’affranchir de cette limite, mais la question du coûts des plantules reste un frein à son développement.

La question de la rentabilité

Les coûts de production des algues de culture bretonne sont largement supérieurs à ceux des algues sauvages. Pour cette raison, aucune entreprise bretonne ne vit exclusivement de l’algoculture. La combinaison avec d’autres activités (généralement la récolte d’algues sauvages et/ou leur transformation) est indispensable à la viabilité de ces entreprises.

Le CRPMEM de Bretagne, promoteur de l’algoculture bretonne

Le CRPMEM de Bretagne a lancé différentes actions en faveur du développement de l’algoculture bretonne :

  • Mise en place d’un groupe de travail Aquaculture, afin de s’approprier les enjeux identifiés dans les différents plans d’accompagnement de la filière. Sa finalité est de faire émerger des actions concrètes à l’échelle de la Bretagne.
  • Développement des projets visant à maîtriser de nouvelles techniques de culture et assurer l’approvisionnement en plantules.
  • Travail en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire sur les schémas de planification maritimes intégrant l’algoculture.