En famille ou entre amis, la récolte d’algues en Bretagne est une activité ludique et accessible à tous. La récolte de loisir est néanmoins encadrée par une réglementation précise. Le respect d’un ensemble de bonnes pratiques et de précautions est également vivement recommandé. Celles-ci visent autant à protéger votre santé que le littoral marin.
Que dit la réglementation pour la récolte de loisir des macro-algues ?
Pour les particuliers, la récolte des algues marines est autorisée à condition :
- d’être purement non commercial ;
- de respecter l’arrêté préfectoral R53-2019-04-29-001.
Que permet la récolte de loisir des algues marines ?
L’utilisation des algues récoltées en loisir doit être strictement non commerciale et se limiter au cercle familial. Cette règle vaut pour les usages alimentaires et non alimentaires, comme la fabrication de produits cosmétiques artisanaux. Pour commercialiser un produit contenant des algues récoltées par vos soins, vous devez être titulaire d’une licence de récolte professionnelle. Et ce même si cela n’implique la récolte que de quelques kilos d’algues par an. Le don d’algues à un professionnel qui en fera un usage commercial (restaurateur par exemple) est également interdit.
La réglementation pour la récolte de loisir des macro-algues
La récolte des algues marines est autorisée uniquement du lever au coucher du soleil. Elle doit se pratiquer les deux pieds au sol. De plus, l’arrêté préfectoral instaure des limitations pour certaines espèces.
Calendriers de récolte des algues de rives :
- Pioka/petit goémon (Chondrus crispus et Mastocarpus stellatus) : autorisée du 1er mai au 31 octobre.
- Nori (Porphyra spp) : autorisée du 1er mai au 15 novembre.
- Dulse (Palmaria palmata) : autorisée du 1er avril au 31 décembre. De récentes études ont montré que le mois d’avril était une période importante pour la croissance de la dulse. Soucieux d’une gestion durable des algues de rive, les professionnels ont modifié leurs pratiques en conséquence. Chaque année, la date d’ouverture est fixée en fonction d’une évaluation réalisée à la fin de l’hiver. Nous vous invitons à adopter ce calendrier, que vous trouverez sur la page réglementation de la récolte d’algues de rive.
Hauteur minimale au-dessus du crampon que l’algue doit faire pour être récoltable :
- Nori : 25 cm ;
- Dulse : 25 cm ;
- Haricot de mer (Himenthalia elongata) : 80 cm ;
- Kombu royal (Saccharina latissima) : 150 cm depuis la base du stipe ;
- Goémon noir (Ascophyllum nodosum) : obligation de laisser après récolte au moins moins 30 cm d’algue au-dessus du crampon.
Récolte d’algues marines : les bonnes pratiques
Au-delà de la réglementation, le respect d’un ensemble de bonnes pratiques permet une récolte durable des macro-algues. Ces précautions, simples à mettre en œuvre, ont deux buts : préserver l’écosystème du littoral et votre santé. Afin de bien vous préparer, consultez notre page sur les principales algues récoltées en Bretagne et notre guide des bonnes pratiques pour la récolte des algues.
Bien choisir le lieu de récolte des algues
Les gisements d’algues ne sont pas soumis aux mêmes classements sanitaires que les coquillages. Les algues ne sont en effet pas sensibles aux contaminations bactériennes ou virales. Néanmoins, par précaution il convient d’éviter les zones potentiellement polluées : littoral proche d’une sortie de station d’épuration, port, etc.
Planifiez votre récolte d’algues en fonction des marées
Les algues ne sont pas réparties uniformément sur l’estran (le bord de mer découvert par les marées). Elles se répartissent en ceintures, étagées sur toute la hauteur de l’estran. Cette répartition dépend de leur cycle de vie (résistance à la déshydratation, aux éléments, etc.) et de leurs besoins. Selon le coefficient de marée, toutes les algues ne seront pas forcément découvertes. Vous devez donc adapter votre récolte en fonction la marée. Son coefficient et ses horaires détermineront quelles algues vous pourrez atteindre, à quelles heures et pendant combien de temps.
Comment récolter les algues marines ?
Premièrement, récoltez uniquement des algues fixées à un rocher. Les algues échouées ou flottantes sont impropres à la consommation, car déjà en phase de décomposition. Veillez ensuite à respecter les règles suivantes :
Prenez seulement ce dont vous avez besoin, évitez le gaspillage.
- Ne récoltez pas toute l’algue : laissez le crampon et une partie de la lame (les « feuilles »), afin de favoriser sa repousse.
- Découpez l’algue au couteau, plutôt que de la cueillir à la main : cela évite de tout arracher.
- Ne raclez pas le rocher avec votre couteau : cela réduit les capacités de repousse de l’algue.
- Ne déplacez ou ne retournez pas les rochers. Cela diminue le taux de survie de toutes les espèces (faune et flore) qui s’y abritent.
- Pratiquez une récolte clairsemée : en laissant régulièrement des algues intactes dans la zone de récolte, vous améliorerez sa capacité de régénération.
Consommation d’algues récoltées : nos conseils
Aucune algue fraîche que vous trouverez en Bretagne n’est toxique. Les phénomènes d’intoxication des marées vertes viennent de la décomposition de quantités massives d’algues vertes échouées. La consommation des algues marines est donc sûre, pour peu que vous ayez respecté les bonnes pratiques de récolte.
Les algues autorisées dans les préparations alimentaires
Seules 29 espèces algues marines sont autorisées à la commercialisation comme produits alimentaires. Les autres algues ne sont pas pour autant toxiques : elles n’ont simplement pas suivi le processus d’agrément administratif. Celui-ci étant à la charge des industriels, les algues ne présentant pas d’intérêt commercial n’en bénéficient pas. Contrairement aux champignons, toutes les macro-algues fraîches que vous pourrez récolter sont comestibles. Il faut cependant reconnaître qu’elles n’ont pas toutes d’intérêt gustatif… à vous de les goûter !
La question des métaux lourds dans les algues
La présence de métaux lourds dans les algues marines est une question qui revient régulièrement. Les dernières études réalisées en Bretagne démontrent pourtant l’absence de risque. Il est vrai que les algues captent et stockent facilement les métaux présents dans leur environnement. Cependant, dans un environnement sain et non pollué comme les eaux bretonnes où sont récoltées les algues, ces quantités sont trop faibles pour représenter un quelconque danger. D’autant que les algues sont consommées en condiment, donc en petites quantités.
Comment préparer ses algues pour une consommation sûre
Les algues marines se dégustent crues comme cuites. La cuisson n’est aucunement obligatoire d’un point de vue sanitaire. Certaines algues sont simplement trop coriaces pour être dégustées en crudité. Le mode de consommation dépend de l’espèce, mais aussi de la saison de récolte. Les jeunes pousses de printemps sont ainsi les plus à même d’agrémenter vos salades (attention tout de même de vérifier qu’il s’agisse d’espèces dont la récolte est autorisée au printemps).
Concernant la préparation, la seule étape indispensable est le rinçage. Il permet d’éliminer les débris, mais aussi les bactéries pathogènes éventuellement présentes à leur surface. Il s’effectue de deux manières :
- directement sur l’estran, à l’eau de mer ;
- à la maison, en utilisant de l’eau fortement salée (≈ 35 g de sel par litre). Le rinçage à l’eau douce est déconseillé, car il affadit les algues.
Entre découverte du milieu marin et expériences culinaires, la récolte d’algues marines est une activité passionnante. Pour en savoir plus sur les algues en Bretagne, découvrez la filière algues bretonne en chiffres.