L’aquaculture marine en Bretagne

Présentation de l’aquaculture en Bretagne : espèces concernées, enjeux et modalités de gestion par le CRPMEM de Bretagne

Coquillages, poissons, algues, l’aquaculture marine bretonne jouit d’une grande richesse. Sujet d’avenir et de développement durable, elle est pourtant limitée par divers obstacles : réalités économiques, contraintes administratives et environnementales. Le CRPMEM de Bretagne, chargé de la gouvernance des élevages marins de poissons, crustacés et des macro-algues, œuvre au développement durable de cette filière.

Qu’est-ce que l’aquaculture marine ?

L’aquaculture marine consiste en l’élevage d’animaux ou de végétaux marins : poissons (pisciculture), coquillages (conchyliculture), crustacés, coraux, algues (algoculture). En Bretagne comme dans le reste de la France, la conchyliculture reste largement prédominante. Ces dernières années, les élevages marins (pisciculture, algoculture, etc.) suscitent un engouement croissant, mais peinent à émerger. En 2020, on compte ainsi 6 entreprises pratiquant la pisciculture marine et 17 l’algoculture.

Aquaculture marine : en mer et à terre

L’aquaculture marine peut s’effectuer aussi bien à terre qu’en mer. Elle est caractérisée par l’utilisation d’eau de mer, naturelle ou artificielle.

L’aquaculture en mer.

L’aquaculture en mer s’effectue sur l’estran (le littoral) ou en pleine mer. Le type de structure dépend des espèces élevées : cages en filets pour la pisciculture, filières pour l’algoculture, poches à huîtres, bouchots pour les moules, etc. Afin d’être protégées des intempéries, ces structures sont principalement implantées dans des zones abritées proches des côtes ou dans des estuaires.

L’aquaculture marine en bassin à terre.

L’aquaculture marine à terre se pratique dans des bassins alimentés en eau de mer. Celle-ci est pompée à distance de la côte afin d’assurer sa qualité, voire amener par camions-citernes. La nécessité de disposer d’une prise d’eau de mer impose une proximité directe avec le littoral. Les bassins fonctionnent de deux manières :

  • En circuit ouvert, où l’eau de mer est constamment régénérée.
  • En circuit semi-fermé ou fermé. L’eau de mer est épurée via un système de filtration et seule une partie peut être renouvelée. Ces systèmes fermés permettent une meilleure maîtrise des paramètres physico-chimiques du milieu et limitent les prélèvements en eau.

L’aquaculture en eau de mer artificielle.

L’utilisation d’eau artificiellement salée permet de s’affranchir de la proximité avec la mer. Elle a également l’avantage de fonctionner en circuit fermé. En revanche, ses coûts d’exploitation et énergétique sont bien plus élevés. Ce type d’aquaculture fait encore l’objet de recherche et reste marginale en France.

La gestion de l’aquaculture marine en Bretagne

L’aquaculture est fortement encadrée : espèces autorisées, lieux d’implantation, etc. Tous ces paramètres dont l’objet de réglementations.

Comment est gérée l’aquaculture marine bretonne ?

Le développement de l’aquaculture est soumis à différentes réglementations régulant le partage de l’espace maritime, issues de la politique de planification maritime intégrée mise en place par l’Europe.

Gestion de l’aquaculture à l‘échelle régionale

  • schéma régional de développement de l’aquaculture marine (SDRAM). Ce document régional stratégique a deux buts :
  • Asseoir la légitimité des exploitations existantes.
  • Favoriser la croissance du secteur en identifiant les sites propices au développement de l’aquaculture.

Gestion de l’aquaculture à l‘échelle départementale

Chaque département produit un schéma des structures des cultures marines. Outre les modalités d’attribution des concessions, ces documents définissent les modalités techniques, tel que la liste des espèces autorisées par secteur, la densité maximale autorisée, la superficie, les conditions d’élevage, etc.

Gestion par le CRPMEM de Bretagne

La gouvernance des cultures marines est déléguée à des organismes professionnels. Ceux-ci participent également à l’élaboration des politiques régionales et départementales. Les organismes compétents dépendent des espèces concernées. On distingue ainsi :

  • Les élevages marins. Ceux-ci concernent toutes les espèces marines, à l’exclusion des coquillages. Y sont donc inclus la pisciculture, l’algoculture, ainsi que l’élevage de crevettes, coraux et holothuries (concombre de mer). En Bretagne, les élevages marins dépendent du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne (CRPMEM de Bretagne).
  • La conchyliculture, qui concerne tous les coquillages : huîtres, moules, ormeaux, coques, etc. Ces activités dépendent des comités de la conchyliculture (CRC Bretagne Nord et CRC Bretagne Sud).

Le système de concessions en aquaculture marine

  • l’aquaculture nécessite l’obtention d’une concession (équivalant à la location d’un espace en mer). Celles-ci sont délivrées par le préfet, sur la base de l’avis de la commission culture marine de la DDTM. Elles sont délivrées pour une durée limitée (en général 25 ans) et fixent la liste des espèces autorisée pour l’exploitant. Il existe deux types de concessions :
  • Les concessions en mer.
  • Les concessions de prise d’eau de mer pour alimenter une exploitation à terre.
    • (lien guide aquaculture).

Quelles espèces peut-on élever en aquaculture ?

Qu’il s’agisse de poissons, de coquillages ou d’algues, l’aquaculture est régie par le même principe : seules les espèces présentes localement à l’état sauvage peuvent être élevées sans dérogation. Cette limitation a été mise en place pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. L’introduction d’espèces exotiques ou non présentes localement nécessite la demande d’un permis spécifique. Cette limitation ne concerne pas l’aquaculture en bassins fermés, dans laquelle le risque d’échappement est très faible, voire inexistant pour les élevages en circuit fermé.

Les espèces de la pisciculture bretonne

En Bretagne, la principale espèce actuellement élevée en pisciculture est la truite de mer. L’élevage d’autres espèces, telles que la dorade ou le turbot, a été délaissé en raison d’un manque de rentabilité. Les entreprises piscicoles réalisent principalement du grossissement. Elles élèvent des juvéniles achetés auprès d’entreprises spécialisées dans la reproduction. L’élevage, réalisé en mer, dure de 6 à 8 mois.

L’algoculture bretonne

En Bretagne, une dizaine d’acteurs historiques pratiquent l’algoculture depuis déjà plus de 30 ans. Le secteur suscite aujourd’hui un fort engouement. L’algoculture constitue en effet la solution pour répondre à la demande croissante en algues, la ressource en algues sauvages étant exploitée à un niveau proche de son maximum durable. Cette filière n’est cependant pas encore mature. De nombreuses problématiques techniques restent à résoudre pour la rendre économiquement viable. Pour plus de détails, consultez notre page sur l’algoculture bretonne.

L’élevage de crustacés

L’élevage de crustacés concerne essentiellement les crevettes. Son développement est assez récent et concerne encore peu d’entreprises en Bretagne. La production est plutôt orientée sur des produits de haute qualité à destination de la restauration haut de gamme.

L’Aquaculture multitrophique intégrée : la solution d’avenir ?

L’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI) associe l’élevage de plusieurs espèces au sein d’une même culture. Ces espèces forment ainsi un réseau trophique interdépendant, chaque espèce apportant un bénéfice aux autres, comme un mini-écosystème. On peut ainsi associer l’élevage de poissons, d’algues et de coquillages. Particulièrement durable dans son approche, l’AMTI permet en outre de diversifier les revenus des éleveurs. Elle permet en effet d’assurer une production toute l’année, en élevant des espèces dont les cycles de vie se chevauchent.

L’AMTI n’est en revanche pas encore totalement maîtrisée. Elle fait l’objet d’études, notamment en mer ouverte où les flux de matière sont difficiles à maîtriser. Elle nécessite de plus de former les aquaculteurs, souvent spécialisés dans un type d’élevage, à différentes techniques.

Les enjeux modernes de l’aquaculture

Comment concilier l’ensemble des activités économiques maritimes dans un espace contraint ? Quelle aquaculture demain sur notre territoire ? Le plan national d’aquaculture d’avenir (2021-2027) dresse un état des lieux des freins au développement de la filière aquacole. Il identifie plusieurs grands objectifs et les actions à mettre en œuvre pour répondre aux enjeux des élevages marins :

  • la souveraineté alimentaire ;
  • la production de nourriture de la qualité ;
  • la création d’emploi ;
  • la conciliation du développement économique et des enjeux environnementaux.

La problématique de l’espace disponible

Le développement de l’aquaculture en mer est contraint par de nombreuses réglementations de planification spatiale et environnementale. Face à la difficulté à trouver de nouvelles concessions proches des côtes en Bretagne, des techniques se développent pour accéder à des espaces plus lointains. L’aquaculture à terre est également perçue comme une piste de développement intéressante.

La difficulté de l’acceptation sociale de l’aquaculture

L’acceptation sociale de l’aquaculture est difficile. Les projets d’installation font face à de nombreuses oppositions : population (riveraine ou non), associations environnementales et parfois même élus locaux. Les activités d’élevages marins souffrent d’une image négative, tant sur le plan de la préservation de l’environnement que de celle des paysages littoraux. Un changement des mentalités est indispensable et ne pourra se faire que par des actions pédagogiques.

Les impacts de l’aquaculture sur le milieu marin

La gestion durable des élevages marins nécessite la prise en compte de leurs impacts potentiels sur le milieu marin, notamment :

  • L’eutrophisation du milieu marin. Celle-ci est causée par les nutriments apportés aux espèces élevées et leurs déjections.
  • La provenance des alevins ou des plantules d’algues. Ils doivent être de qualité afin de limiter la propagation de pathogène entre secteurs. La traçabilité est également un fort enjeu.
  • La proportion et la provenance des farines de poisson utilisées pour alimenter les élevages piscicoles.
  • Le bien être des animaux d’élevage et les problèmes sanitaires liés à la forte concentration d’individus dans un espace clos.
  • La gestion des risques sanitaires, zoosanitaires et climatiques au sein des entreprises,

Les contraintes économiques de l’aquaculture

Les élevages marins bretons sont ainsi majoritairement faits de petites entreprises artisanales qui restent fragiles. L’aquaculture est d’ailleurs rarement leur seule activité et ces entreprises doivent se diversifier pour assurer leur rentabilité (transformation et vente directe, activité de récolte d’algue, pêche embarquée, etc.). Malgré les volontés politiques affichées, les réalités économiques, réglementaires et techniques limitent pour l’heure le développement de la pisciculture et de l’algoculture. Les pistes pour assurer leur viabilité existent pourtant :

  • Poursuivre et accentuer la recherche et l’innovation sur de nouvelles techniques de production.
  • Assurer la formation des professionnels.
  • Assurer de la qualité des produits, notamment via des labels reconnus par le grand public. Dans le cadre du programme Défi algues Bio, le CRPMEM de Bretagne développe ainsi le label Bio à destination des algoculteurs et des récoltants d’algues.

Les actions du CRPMEM pour répondre aux enjeux de l’aquaculture

Afin de répondre aux enjeux du développement de l’aquaculture, le CRPMEM de Bretagne souhaite monter en puissance sur ces sujets. Cette volonté passe notamment par :

  • La mise en place d’un groupe de travail Aquaculture, afin de s’approprier les enjeux identifiés dans les différents plans d’accompagnement de la filière. Sa finalité est de faire émerger des actions concrètes à l’échelle de la Bretagne.
  • Le développement des projets techniques visant à maîtriser de nouvelles techniques de culture et assurer l’approvisionnement en plantules (algoculture, AMTI, etc.).
  • Le travail en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire sur les schémas de planification maritimes intégrant l’aquaculture.

Les enjeux et nos travaux récents

Afin de répondre aux enjeux du développement de l’aquaculture, le CRPMEM de Bretagne souhaite monter en puissance sur ces sujets. Cette volonté passe notamment par :

    • La mise en place d’un groupe de travail Aquaculture, afin de s’approprier les enjeux identifiés dans les différents plans d’accompagnement de la filière. Sa finalité est de faire émerger des actions concrètes à l’échelle de la Bretagne.

    • Le développement des projets techniques visant à maîtriser de nouvelles techniques de culture et assurer l’approvisionnement en plantules (algoculture, AMTI, etc.).

    • Le travail en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire sur les schémas de planification maritimes intégrant l’aquaculture.

 

Nos travaux récents:

Rapport sur l’environnement juridique des élevages marins (Stage de Julie Corler en 2018)

Guide installation en élevages marins.